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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 9[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 9


Je vais revenir, bien sûr, sur cette longue conversation auprès d'une morte. J'y reviendrai d'ailleurs en... en me demandant ce qu'il en est de la conversation, et de la parole, dans de telles circonstances, mais d'une manière plus générale, ce qu'il en est de la conversation et de la parole à tout instant, et dans chaque situation d'échange et de dialogue ou d'écoute -- ce qu'il en est de la parole et de la conversation, y compris d'ailleurs dans la modalité qui nous occupe aujourd'hui, à savoir : moi qui me confesse, et vous qui écoutez...

(Silence)

Avant de tenter d'approfondir ce sujet, je vais faire un petit retour en arrière, et... je vais essayer de... préciser ce qu'il en est, ce qu'il en est pour moi aujourd'hui, avec le recul, avec la distance -- et dans le contexte de l'actualité immédiate de notre civilisation, de notre société, et de la situation d'errance dans laquelle nous sommes, tous, plus ou moins consciemment confrontés --, je voudrais reparler de cette question du crime : il n'est pas sûr au demeurant qu'il y ait quelque chose de très nouveau à identifier, relativement au crime, au meurtre, à l'assassinat. En tout cas quand il s'agit d'un acte individuel concernant une autre personne, par opposition, et à supposer même qu'on puisse l'opposer, aux génocides ou aux meurtres de masse... Puisque j'ai été moi-même totalement engagé dans des actions criminelles -- "totalement engagé", voulant dire tout mon corps, tout mon esprit, tout mon temps, toute mon énergie étaient... centrés, organisés pour la réalisation d'une action, dont le résultat était la mise à mort -- j'ai eu largement le temps de méditer et de chercher à débusquer derrière les lieux communs ce qu'il en était de cette notion de crime. Parce que là évidemment je mets de côté l'idée selon laquelle le crime ne serait que le résultat d'une pulsion criminelle. Le paradoxe, si paradoxe il y a, en ce qui me concerne c'est qu'évidemment je ne me sens aucune aptitude particulière pour la mise à mort. Je n'y trouve absolument aucun plaisir et c'est donc sans doute de tout autre chose qu'il s'agit ; en tous cas d'autre chose que la satisfaction d'une pulsion.

Il m'est arrivé d'avoir à conduire des actions en Amérique latine, en Argentine par exemple, bien avant la période récente des dépressions économiques. A l'époque, une ville comme Buenos-Aires était une ville apparemment florissante, débordante d'activités et de créativité ; le monde des affaires allait bon train, toutes les affaires, y compris les affaires mafieuses. Et maintenant que je vis dans une totale clandestinité je continue à me déplacer, et j'ai eu l'occasion de retourner à Buenos-Aires au moment de la grande crise économique. Les crises économiques profondes, durables, celles qui implosent le corps même de la société, ont des vertus, en tout cas une vertu : celle de rendre visible, lisible, compréhensible, ce qui d'ordinaire échappe à notre attention.

(Silence)

Lors d'un séjour récent, par exemple, des amis me racontaient que... Je dis "amis" ici, le mot "ami" voulant dire membre d'un réseau de soutien, de soutien dans la clandestinité -- réseau destiné à permettre aux gens comme moi d'échapper à toute... à tout contrôle, tant des organisations officielles, policières et administratives, que de mes anciens partenaires mafieux... Donc ces amis me faisaient part de... de pratiques courantes dans les quartiers bourgeois de ceux qui restent de Buenos-Aires, pratiques consistant à disperser dans les sacs poubelles, des verres brisés, tranchants, coupants, de telle manière qu'à l'ouverture des sacs, les enfants, qui la nuit trient dans les sacs d'ordures, se blessent profondément. Cette pratique relève évidemment du crime. D'un crime... qui ne dit pas son nom. Les enfants qui trient les poubelles la nuit sont privés de tout ; ils sont privés de nourriture, ils sont privés de santé, ils sont privés de jeunesse. Ils sont les pauvres des pauvres de ces villes à l'abandon, à la dérive. Et il se trouve dans ces villes, des hommes et des femmes capables d'organiser de façon domestique, quotidienne, quelque chose qui à voir avec la ritualisation d'un meurtre. Un meurtre qui ne consiste pas à mettre à mort quelqu'un, mais un meurtre qui consiste à mettre à mort une idée -- l'idée même d'humanité.

Paradoxalement dans la même ville, le soir tard, aux abords des centres de restauration rapide, de type Burger-King ou autre, on trouve des grappes d'enfants et d'adolescents qui attendent la sortie des poubelles... Les gestionnaires de ces restaurants sortaient deux types de poubelle : une poubelle contenant les déchets des repas de la journée, c'est-à-dire contenant les restes des plats vendus, mais pas entièrement consommés, et une autre poubelle contenant non pas des restes, mais des repas entiers simplement jetés pour des questions de dates de péremption. Que ce tri entre des déchets réels et des plats non consommés était destiné à alimenter ces pauvres qui allaient pouvoir ainsi accéder à des rations alimentaires, nourrissantes, dégueulasses ! Parce que de toute façon la nourriture dans ces endroits est toujours dégueulasse, mais elles permettent quand même d'apporter une ration alimentaire suffisante pour les tenir en vie. Le parallèle entre ces deux anecdotes est tout à fait saisissant : d'un côté le meurtre intériorisé, à l'endroit du monde où l'on pourrait attendre au pire de la compassion ; de l'autre côté, à l'endroit du monde où l'on n'attend plus rien, la possibilité d'une humanité qui se manifeste de façon inédite... et remarquable. / / / / /


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Naturally, I am going to get back about this long conversation with a dead woman. I shall get back about it, moreover, by asking me what it is there about the conversation, and the parole, in such circumstances, but in a more general way, what there are about conversation and the parole all the time, and in every situation of exchanges and dialogues or listening. What it is there about the parole and the conversation moreover, including in the modality there which occupies us now: I confess and you listen...

Before going in the detail of this subject, I am going to do a small back in the past. I am going to try to clarify what it is there, what it is for me today, with hindsight, with the distance -- and in the context of the immediate current events of our civilization, our society and the situation of wandering in which we are all more or less consciously confronted. I would like to talk again of this question of crime: It is not sure however, there is something very new to identify, relatively to the crime, to the murder, to the assassination. At least when it is about an individual act concerning another person by opposition, and to suppose that we could set it, in genocides or in mass murder. Because myself, I was totally engaged in criminal actions --"totally engaged ", meaning all my body, all my spirit, all my time. All my energy was centred, organized for the realization of an action of which the result was the killing -- I had widely the time to meditate and to try to chase away behind the common thoughts what it was there about the notion of crime. Because here, obviously, I dismiss the criminal drives. The paradox, if paradox there is, as for me it is that I feel no particular capacities for the killing. I find absolutely no pleasure there, thus it is doubtless quite other reasons of which it is all about ; at least other reasons than the satisfaction of a drive.

It managed at me to have to lead actions in Latin America, in Argentina for example, before the recent economic period of the depressions. In the time, a city as Buenos-Aires was an apparently prosperous city, being bursting with activities and with creativities ; The business-world made good progress, all the business, including the Mafioso's business. And now, that I lived in a total clandestineness I continue to move, and I had the occasion to get back to Buenos-Aires at the time of the big economic crisis. The deep, durable economic crisis, those which implode the corps of the society, have virtues, at least a virtue: that to do visible, readable, understandable what usually escape in our atention.

(Silence)

During a recent stay, for example, friends told me. I say "friends" here, if the word "friend" wants to say member of a network of support, support in the clandestineness ; network intended to allow people as me to escape any control, as many official, police and administrative organizations,than my ancient Mafioso's partners. Thus, these friends explain me current practices in the bourgeois districts of those which remains in Buenos-Aires, practices consisting to scatter in bin liners, broken glasses, sharper, edges, in a way when bags are opening, the children, who at night, sort out in the bags of garbage, injure themselves profoundly. This practice recovers obviously from the crime. Of a crime which doesn't say its name. The children who sort out garbage cans at night are deprived of everything; they are deprived of foods, they are deprived of health, and they are deprived of youths. They are the poors of the poors of these neglected cities, drifting. There are in these cities, men and women capable to organize in a domestic way, daily, something which to see with the ritualization of a murder. A murder does not consist to kill someone, but a murder which consists to kill an idea -- the idea of Humanity.

Paradoxically in the same city, in the evening late, around the centres of fast-food as Burger King or others, we find clusters of children and teenagers who wait for the release of garbage cans. The managers of these restaurants brought out two types of garbage can: a garbage can containing the waste of the meals of the day that it to say the rest of the sold dishes but not entirely consumed, and an another one containing not the rests of the sold dishes, but whole meals simply thrown in garbage for question of expiry dates. This sort among real wastes and consumed dishes was intended to feed these poors who were going to be able to have their daily food rations, nourishing. Filthy! Because anyway the food in these places is always disgusting, but they allow all the same to bring a sufficient daily food ration to hold them alive. The parallel among these two anecdotes is completely striking : On one side the interiorized murder, in the place of the world where we could find in the worst, compassion; on the other side, at the world where we wait for nothing more, the possibility of a humanity which shows itself in a new and... remarkable way.

MAFIA [homepage] L'OEIL ECOUTE / THE EYE LISTENS

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