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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 8[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 8


Voici ce qui s'est passé :

Une fois le matériel rangé, une fois la planque nettoyée, j'aurais du me retourner, et partir ; sans hâte, mais partir. Au lieu de cela, je me suis retourné vers ma cible... en prenant le temps... et ce que j'ai vu m'a profondément troublé. J'étais situé à environ... 250 mètres. La jeune femme était vêtue d'un T-shirt blanc, et d'un pantalon de jogging très clair. Elle était allongée dans un lit de fougère, et à la distance où j'étais, cette tache blanche brillait, sur ce fond sombre, comme un cristal, comme un cristal aimanté. Mon regard était fixe sur ce point lumineux, dont j'avais vaguement le sentiment qu'il bougeait légèrement. J'ai mis ma valise à couvert, et je me suis dirigé vers la cible. J'ai un souvenir très précis de cette marche d'approche dont je pourrais dire ceci: j'avais l'impression d'aller à la fois extrêmement vite, et extrêmement lentement. J'avais l'impression d'avancer à très grandes enjambées, et de faire du surplace. J'avais le sentiment que tout à coup la nature était absolument silencieuse, et dans le même temps un bourdonnement puissant, profond avait pris place dans ma tête. J'avais le sentiment d'être à la fois extrêmement agile, et d'être un bloc de pierre. J'avais le sentiment que plus j'avançais, plus la cible s'éloignait. Et en même temps j'avais le sentiment que cette... minuscule tache blanche, perdue dans le vert végétal, très foncé, devenait de plus en plus éblouissante.

Finalement, je me suis retrouvé au pied de la jeune femme. Il n'y avait rien à redire: l'impact de la balle était parfait. Aucun dégât ; on aurait même pu supposer que la jeune fille dormait. Et c'est d'ailleurs ce doute, qui m'a perdu, qui m'a perdu parce que j'ai commencé à lui parler. Jamais je n'aurais pu imaginer l'importance, qu'allaient prendre, ces quelques paroles, prononcées, au chevet d'une femme endormie. Elle était morte pourtant, ce point était parfaitement clair. Elle était morte, elle était absolument morte. L'endroit de l'impact et la nature des balles utilisées ne laissaient absolument aucun doute sur le sujet.

Elle avait les yeux fermés et son visage était tranquille, paisible ; et la position dans laquelle elle était tombée était une position naturelle, non pas un corps désarticulé et soufflé par l'impact ; simplement une chute lente, évidente, simple. Son visage, donc, était tranquille, il me rappelait vaguement quelqu'un, vaguement, parce que depuis... à bien y réfléchir, je n'ai jamais pu l'associer précisément à quelqu'un. Je me suis assis. Je me suis mis à manipuler bêtement... des brins d'herbes. On aurait pu nous prendre pour deux amants en promenade. Je crois que c'est la tombée de la nuit, la fraîcheur du soir, qui m'a sorti de ma rêverie. Plusieurs heures se sont passées ainsi, plusieurs heures pendant lesquelles je n'ai pas cessé de parler. Je n'ai pas cessé de parler et en ayant là, aujourd'hui, la conviction idiote qu'elle a tout entendu, tout compris et tout emporté avec elle. / / / / /


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It is happened like this:

The equipment was putted away, the hideout was cleaned, I would have to turn around, and to leave; without haste, but to leave. But instead of it, I returned towards my target. By taking one's time, what I saw profoundly disturbed me. I was situated in approximately 250 metres. The young lady was dressed in a white T-shirt and a jogging's pants very clear . She was stretched out in a bed of fern. At the distance where I was, this white task shone on this dark background, as a crystal, as a magnetized crystal. My glance was fixed on this luminous point, of which I had vaguely the feeling that it moved slightly. I put my suitcase under cover and I went to the target. I have a very precise memory of this walking of approach of which I could say this: I had the impression to go at the same moment extremely quickly and extremely slowly. I had the impression to move with very big steps, and to stand still. I had the feeling that suddenly the nature was absolutely silent, and at the same time a powerful, deep humming had taken place in my head. I had the feeling to be extremely agile, at the same moment to be a stone block. I had the feeling that more I advanced more the target went away. And at the same time, I had the feeling that this tiny white task, lost in the very dark vegetable green, became more and more bright.

Finally, I was at the young lady's feet. There wasn't to criticize: the impact of the bullet was perfect. No damage, we would have been even able to suppose that the girl slept. Moreover it is this doubt which lost me, lost me, because I began to talk to her. I would ever have been able to imagine the importance that was going to take these some words pronounced at sleepy woman's bedside. She was died nevertheless, these perfectly clear point, she was died, and she was absolutely died. The place of the impact and the nature of the used bullets let absolutely no doubt on the subject.

She had her eyes closed and her face was quiet, peaceful ; the position in which she felt, was a natural position, not a body dislocated and blown by the impact, but simply, slowly, evident simple fall. Her face was quiet; it reminded me vaguely somebody, vaguely, because since to think about it well, I was never able to associate her face to somebody. I sit, I manipulated stupidly blades of grass. We would have been able to take us for two lovers in walk. I believe that it is the nightfall and the cool of the night brought out me of my musing. Several hours spent, several hours during which I didn't stop talking. I didn't stop talking. And I have today the stupid conviction which she heard everything, she understood everything, she took everything with her.

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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 9[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 9


Je vais revenir, bien sûr, sur cette longue conversation auprès d'une morte. J'y reviendrai d'ailleurs en... en me demandant ce qu'il en est de la conversation, et de la parole, dans de telles circonstances, mais d'une manière plus générale, ce qu'il en est de la conversation et de la parole à tout instant, et dans chaque situation d'échange et de dialogue ou d'écoute -- ce qu'il en est de la parole et de la conversation, y compris d'ailleurs dans la modalité qui nous occupe aujourd'hui, à savoir : moi qui me confesse, et vous qui écoutez...

(Silence)

Avant de tenter d'approfondir ce sujet, je vais faire un petit retour en arrière, et... je vais essayer de... préciser ce qu'il en est, ce qu'il en est pour moi aujourd'hui, avec le recul, avec la distance -- et dans le contexte de l'actualité immédiate de notre civilisation, de notre société, et de la situation d'errance dans laquelle nous sommes, tous, plus ou moins consciemment confrontés --, je voudrais reparler de cette question du crime : il n'est pas sûr au demeurant qu'il y ait quelque chose de très nouveau à identifier, relativement au crime, au meurtre, à l'assassinat. En tout cas quand il s'agit d'un acte individuel concernant une autre personne, par opposition, et à supposer même qu'on puisse l'opposer, aux génocides ou aux meurtres de masse... Puisque j'ai été moi-même totalement engagé dans des actions criminelles -- "totalement engagé", voulant dire tout mon corps, tout mon esprit, tout mon temps, toute mon énergie étaient... centrés, organisés pour la réalisation d'une action, dont le résultat était la mise à mort -- j'ai eu largement le temps de méditer et de chercher à débusquer derrière les lieux communs ce qu'il en était de cette notion de crime. Parce que là évidemment je mets de côté l'idée selon laquelle le crime ne serait que le résultat d'une pulsion criminelle. Le paradoxe, si paradoxe il y a, en ce qui me concerne c'est qu'évidemment je ne me sens aucune aptitude particulière pour la mise à mort. Je n'y trouve absolument aucun plaisir et c'est donc sans doute de tout autre chose qu'il s'agit ; en tous cas d'autre chose que la satisfaction d'une pulsion.

Il m'est arrivé d'avoir à conduire des actions en Amérique latine, en Argentine par exemple, bien avant la période récente des dépressions économiques. A l'époque, une ville comme Buenos-Aires était une ville apparemment florissante, débordante d'activités et de créativité ; le monde des affaires allait bon train, toutes les affaires, y compris les affaires mafieuses. Et maintenant que je vis dans une totale clandestinité je continue à me déplacer, et j'ai eu l'occasion de retourner à Buenos-Aires au moment de la grande crise économique. Les crises économiques profondes, durables, celles qui implosent le corps même de la société, ont des vertus, en tout cas une vertu : celle de rendre visible, lisible, compréhensible, ce qui d'ordinaire échappe à notre attention.

(Silence)

Lors d'un séjour récent, par exemple, des amis me racontaient que... Je dis "amis" ici, le mot "ami" voulant dire membre d'un réseau de soutien, de soutien dans la clandestinité -- réseau destiné à permettre aux gens comme moi d'échapper à toute... à tout contrôle, tant des organisations officielles, policières et administratives, que de mes anciens partenaires mafieux... Donc ces amis me faisaient part de... de pratiques courantes dans les quartiers bourgeois de ceux qui restent de Buenos-Aires, pratiques consistant à disperser dans les sacs poubelles, des verres brisés, tranchants, coupants, de telle manière qu'à l'ouverture des sacs, les enfants, qui la nuit trient dans les sacs d'ordures, se blessent profondément. Cette pratique relève évidemment du crime. D'un crime... qui ne dit pas son nom. Les enfants qui trient les poubelles la nuit sont privés de tout ; ils sont privés de nourriture, ils sont privés de santé, ils sont privés de jeunesse. Ils sont les pauvres des pauvres de ces villes à l'abandon, à la dérive. Et il se trouve dans ces villes, des hommes et des femmes capables d'organiser de façon domestique, quotidienne, quelque chose qui à voir avec la ritualisation d'un meurtre. Un meurtre qui ne consiste pas à mettre à mort quelqu'un, mais un meurtre qui consiste à mettre à mort une idée -- l'idée même d'humanité.

Paradoxalement dans la même ville, le soir tard, aux abords des centres de restauration rapide, de type Burger-King ou autre, on trouve des grappes d'enfants et d'adolescents qui attendent la sortie des poubelles... Les gestionnaires de ces restaurants sortaient deux types de poubelle : une poubelle contenant les déchets des repas de la journée, c'est-à-dire contenant les restes des plats vendus, mais pas entièrement consommés, et une autre poubelle contenant non pas des restes, mais des repas entiers simplement jetés pour des questions de dates de péremption. Que ce tri entre des déchets réels et des plats non consommés était destiné à alimenter ces pauvres qui allaient pouvoir ainsi accéder à des rations alimentaires, nourrissantes, dégueulasses ! Parce que de toute façon la nourriture dans ces endroits est toujours dégueulasse, mais elles permettent quand même d'apporter une ration alimentaire suffisante pour les tenir en vie. Le parallèle entre ces deux anecdotes est tout à fait saisissant : d'un côté le meurtre intériorisé, à l'endroit du monde où l'on pourrait attendre au pire de la compassion ; de l'autre côté, à l'endroit du monde où l'on n'attend plus rien, la possibilité d'une humanité qui se manifeste de façon inédite... et remarquable. / / / / /


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Naturally, I am going to get back about this long conversation with a dead woman. I shall get back about it, moreover, by asking me what it is there about the conversation, and the parole, in such circumstances, but in a more general way, what there are about conversation and the parole all the time, and in every situation of exchanges and dialogues or listening. What it is there about the parole and the conversation moreover, including in the modality there which occupies us now: I confess and you listen...

Before going in the detail of this subject, I am going to do a small back in the past. I am going to try to clarify what it is there, what it is for me today, with hindsight, with the distance -- and in the context of the immediate current events of our civilization, our society and the situation of wandering in which we are all more or less consciously confronted. I would like to talk again of this question of crime: It is not sure however, there is something very new to identify, relatively to the crime, to the murder, to the assassination. At least when it is about an individual act concerning another person by opposition, and to suppose that we could set it, in genocides or in mass murder. Because myself, I was totally engaged in criminal actions --"totally engaged ", meaning all my body, all my spirit, all my time. All my energy was centred, organized for the realization of an action of which the result was the killing -- I had widely the time to meditate and to try to chase away behind the common thoughts what it was there about the notion of crime. Because here, obviously, I dismiss the criminal drives. The paradox, if paradox there is, as for me it is that I feel no particular capacities for the killing. I find absolutely no pleasure there, thus it is doubtless quite other reasons of which it is all about ; at least other reasons than the satisfaction of a drive.

It managed at me to have to lead actions in Latin America, in Argentina for example, before the recent economic period of the depressions. In the time, a city as Buenos-Aires was an apparently prosperous city, being bursting with activities and with creativities ; The business-world made good progress, all the business, including the Mafioso's business. And now, that I lived in a total clandestineness I continue to move, and I had the occasion to get back to Buenos-Aires at the time of the big economic crisis. The deep, durable economic crisis, those which implode the corps of the society, have virtues, at least a virtue: that to do visible, readable, understandable what usually escape in our atention.

(Silence)

During a recent stay, for example, friends told me. I say "friends" here, if the word "friend" wants to say member of a network of support, support in the clandestineness ; network intended to allow people as me to escape any control, as many official, police and administrative organizations,than my ancient Mafioso's partners. Thus, these friends explain me current practices in the bourgeois districts of those which remains in Buenos-Aires, practices consisting to scatter in bin liners, broken glasses, sharper, edges, in a way when bags are opening, the children, who at night, sort out in the bags of garbage, injure themselves profoundly. This practice recovers obviously from the crime. Of a crime which doesn't say its name. The children who sort out garbage cans at night are deprived of everything; they are deprived of foods, they are deprived of health, and they are deprived of youths. They are the poors of the poors of these neglected cities, drifting. There are in these cities, men and women capable to organize in a domestic way, daily, something which to see with the ritualization of a murder. A murder does not consist to kill someone, but a murder which consists to kill an idea -- the idea of Humanity.

Paradoxically in the same city, in the evening late, around the centres of fast-food as Burger King or others, we find clusters of children and teenagers who wait for the release of garbage cans. The managers of these restaurants brought out two types of garbage can: a garbage can containing the waste of the meals of the day that it to say the rest of the sold dishes but not entirely consumed, and an another one containing not the rests of the sold dishes, but whole meals simply thrown in garbage for question of expiry dates. This sort among real wastes and consumed dishes was intended to feed these poors who were going to be able to have their daily food rations, nourishing. Filthy! Because anyway the food in these places is always disgusting, but they allow all the same to bring a sufficient daily food ration to hold them alive. The parallel among these two anecdotes is completely striking : On one side the interiorized murder, in the place of the world where we could find in the worst, compassion; on the other side, at the world where we wait for nothing more, the possibility of a humanity which shows itself in a new and... remarkable way.

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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 10[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 10


Dans le désastre intérieur où je me promène, cette question du balancement continu, entre le sublime et le mal... trouverait peut-être... une voix, du côté du merveilleux. (Silence)... Car il est essentiel de parvenir à comprendre la nature et l'ampleur de la part de nous-même, qui se manifeste, lors d'un échange merveilleux, mystérieux, quasi-divin, avec le monde, avec la nature, avec les oeuvres, avec les autres. Avec les autres -- avec les autres y compris une fois qu'ils sont morts.

Il est plus essentiel encore de comprendre la part qui jamais ne sera présente dans cet échange. Une part de nous-même est accessible à l'autre, et l'en priver serait inutile, et indécent. Une part de nous-même et des autres reste inaccessible... Par manque de courage, de volonté, de disponibilité, de générosité, d'humilité, et sans doute par peur de ce qui pourrait advenir alors. Cette part manquante explique pourquoi notre commerce avec les autres peut se révéler d'une grande et belle intensité, tout en demeurant dans l'ordre de l'ordinaire. Nous mettons une belle énergie à refuser d'entrouvrir les portes du merveilleux, car nous pensons ne pas avoir les moyens de surmonter -- de surmonter l'inouï qui pourrait surgir. Avertis par nos expériences antérieures, ou ce qui en tient lieux, nous spéculons sur le réveil des souffrances potentielles, et nous concentrons notre énergie à ne pas nous prendre les pieds dans le tapis de la désillusion. Le doute qui advient alors est tel, qu'il congèle, par anticipation, notre désir de franchir le seuil du merveilleux.

Il est vrai que le prix à payer n'est pas mince. Mais en contournant nos ambitions aux cartographies du possible, et du souverainement raisonnable, c'est à nous-même que nous interdisons l'accès. Nos expériences précédentes auraient pourtant dû nous permettre de comprendre qu'il n'y a de désillusion, qu'à proportion de l'illusion qui règne sur le monde, en pute magnifique. L'illusion du monde, de la nature, des oeuvres, et de l'autre, n'est en fait que de la conscience congédiée. C'est parce que nous avons répudié la splendeur qui nous appartient, que les portes du merveilleux se sont lentement renfermées. Et quand se présente à nouveau l'hypothèse d'un sursaut, nous devrions nous demander avec qui, comment, et pourquoi cette part de nous-mêmes, artificiellement maintenue en jachère, trouvera son emploi. Nous avons l'intuition encore un peu vague, qu'elle ne le trouvera finalement que dans un extérieur de nous même. Comme si cette dimension de notre être n'existait que dans l'attente de sa reconnaissance, de son acceptation, de son partage.

C'est peut-être à ce moment là seulement qu'il nous est possible d'accéder à la conscience du merveilleux, inclue dans l'abandon de soi à l'autre. Cet abandon implique, bien sûr, quelques préalables. Une appropriation lucide de sa propre puissance, c'est-à-dire de sa propre disponibilité à trier, entre ce qui reste négociable, et ce qui ne l'est pas. Une appropriation risquée de la puissance de l'autre, et de sa capacité à nous convier dans l'au-delà de l'ordinaire de nous-même, c'est-à-dire dans notre part de splendeur jusqu'alors désertée. Quand nous parviendrons nous-même au seuil de la grande mort, il nous sera loisible d'établir la liste de celles et de ceux qui seront admis à engager une ultime conversation à nos côtés. A cet instant précis, au paroxysme enfin atteint de la conscience de soi, le tri sera facile et évident : ceux qui seront là d'abord transis de chagrin, accueilleront ensuite, sans formalités inutiles, la part vive de nous-mêmes comme une renaissance d'eux-mêmes, comme un mystère à transmettre, et tous nous connaîtrons alors la joie jaillissante, au coeur même de la peine. / / / / /


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In the internal disaster where I walk, the question of the continuous balance between the sublime and the evil would maybe find a voice at the side of the wonderful. Because it is essential to understand the nature and the scale of the part of ourselves, which shows itself, during a magnificent, mysterious, quasi-divine exchange, with the world, with the nature, with the works, with the others. With the others --with the others including when they died.

Still It is more essential to understand the part which never will be present in this exchange. A part of us is accessible to the other one, and to deprive it would be useless and indecent. A part of us and the others remain inaccessible. Due to the lack of courage, of will, availability, generosity and humility, and doubtless by fear of what could happen This missing part explains why our exchange with the others can show itself of a big and beautiful intensity while living in the order of the common. We put a beautiful energy to be refused to half-open the doors of the wonderful, because we think, we don't have the abilities to surmount -- to surmount the incredible which could appear. Warned by our internal experiences or those which consider as them, we speculate about the return of the potential sufferings and we concentrate our energy not to stumble in the carpet of disillusion. The doubt which happens then is such that it freezes by anticipation our desire to cross the threshold of the wonderful.

It is true that the price to pay is hard. But by getting round our ambitions in the cartographies of the possible, and the supremely reasonable, it is to ourselves that we forbid the access. Our previous experiences would nevertheless have had to allow us, to understand that, there is disillusion, only in proportion of the illusion which reigns over the world in magnificent whore. The illusion of the world, of nature, the works, and the other one is in fact only the dismissed consciousness. It is because we repudiate the magnificence which belongs to us, because the doors of the wonderful slowly closed again. And when again appears the hypothesis of a new jump, we should wonder with who, how, and why. This part of us, artificially in lying fallow, will find its use. We have still the intuition a little bit vague, that it will find it only in an outside of us. As if this dimension of our being existed only in the wait to its recognition, to its acceptance, to its sharing.

It is maybe at this moment, only when it is possible to us to reach the consciousness of the wonderful included the self-abnegation in the other one. This surrender implies, off course, some prerequisites. A lucid appropriation of its own power, that is to say own availability to sort, between what it is negotiable and what it is not. A risky appropriation of the power of the other one, and its capacity to invite us beyond the common of ourselves, that is to say in our part of magnificence until then left. When we shall reach ourselves at the doorway of the big death, it will be free for us to establish the list of men or women will be allowed to the ultimate conversation to our sides. At this precise moment, in the paroxysm finally reached at the self-awareness, the sorting will be easy and evident: those who will be numbed there with sorrow at first, will receive then, without useless formalities, the part lives in ourselves as a rebirth of themselves, as a mystery to hand on and all will know about us then, the gushing enjoyment in the heart of the sorrow.

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MAFIA - MODULE 11


Car, enfin nous voyons bien, que la dynamique de la mutation en cours, induit un réarrangement général, des repères sur lesquels se fondent nos sociétés. Le socle prétendument démocratique est structuré autour de valeurs, comme s'il était structuré sur du sable, car toutes ses valeurs sont percutées, laminées, par l'ampleur des mutations en cours. Qu'ils s'agisse du travail, disqualifié par l'économie financière, de l'art et de la culture disqualifiés par le spectacle de divertissement, de la famille, perçue comme le lieu naturel de la transmission et du legs, alors qu'aujourd'hui les parents se sentent dans une impossibilité, totale, de transmettre quoique soit, qui ne serait pas tout à fait honteux... qu'ils s'agisse de la politique minée par les tentations médiatiques, qu'ils s'agisse du territoire, de l'espace de la vie d'une communauté -- et d'ailleurs qu'est-ce qu'une communauté ? Qu'est ce qu'une communauté si ce n'est un état de conscience, la conscience des liens, précisément plus que les liens eux-mêmes, la conscience des liens qui réunissent et qui unissent les gens, les individus, les êtres, les uns aux autres. Alors tout se passe comme si, devant l'impossibilité, générale, de se replier sur les critères classiques d'observation et d'analyse des évolutions de nos sociétés, aux motifs qu'ils ne sont plus opératoires, tout se passe comme si, il fallait tenter d'imaginer d'autres manières de regarder les mutations, et d'envisager le devenir de l'espèce.

Tout se passe comme si de nouveaux continents, étaient en voie d'apparition. On connaît les continents de l'adolescence, normalisée d'un bout à l'autre de la planète par les marques. On connaît le continent des classes moyennes, où qu'on soit sur la planète, également tétanisées, par la peur du lendemain. On voit s'amplifier de jour en jour, le continent de l'exclusion, de la précarité, et de la pauvreté. Bref, la caractéristique générale de ces nouveaux continents, tous également à la dérive, c'est d'être traversés par un continent qui les soude les unit les réunit, et en même temps les désintègre parce qu'il est transnational, parce qu'il est transculturel, et qu'il est celui des médias. Parce qu'évidemment les communautés sont confrontées à toute une série de soubresauts allant de la violence institutionnelle, puisque les institutions produisent autant que tout le reste des formes de violences tout à fait inacceptables. Et ces violences institutionnelles se manifestent bien évidemment d'abord dans le langage, comme si une guerre occulte était menée contre la langue, c'est-à-dire contre la pensée. Évidemment, les mouvements mafieux ont une culture, intuitive, de toutes ces dislocations en cours, et ont un génie naturel pour jouer avec les béances, les fissures, les effondrements et en tirer le maximum de profits, avec un cynisme d'une efficacité sidérante. / / / / /


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Finally we see well, that the dynamics of the current mutation induce a general rearrangement, from the marks on which found our societies. The allegedly democratic base is structured around values, as if it was built on some sand, because all its values are stroked, flattened, by the scale of the current mutation. Concerning work disqualified by financial economy, art and culture disqualified by the spectacle of the show , the family perceived as the natural place of the transmission and the legacy, while today the parents feel a total impossibility to transmit something which would not be completely shameful. Concerning the politics undermined by the media temptations. Concerning the territory, the space of the life of a community, and moreover what is it a community? What is a community except as a state of consciousness, a consciousness of the links exactly more than the links themselves, the consciousness of the links which gather and which unite people, individuals, beings, some with the others. Then everything takes place as if in face of the general impossibility to withdraw on the classics criterions of observations and analyses about evolutions of ours societies , in the motives that they are not operating any more, everything takes place as if it would be necessary to try to imagine the other manners to look the mutation and to envisage the future of the species.

Everything takes place as though new continents were being here in new appareance. We know the continents of the adolescence, standardized all over the planet by the marks. We know the continent of the middle classes, wherever we are on the planet, also paralyzed by the fear of the next day. We see increasing from day to day, the continent of the exclusion, the precariousness and the poverty. In brief, the general characteristic of these new continents, all also adrift, it is to be crossed by the continent which weld them, unites them gathers them, and at the same time splits them because it is trans-national, because it is trans-cultural and it is the one of the media. Because obviously communities are confronted with a whole series of convulsing movements going to the institutional violence, since institutions produce as much than the rest of forms of violence, completely unacceptable. And this institutional violence shows itself at first in the language, as if an occult war was led against the language, that is to say against the thought. Obviously the Mafioso's movements have an intuitive culture of all these dislocations and have a natural genius to play with disparities, cracks, collapses and to make maximum profits with a staggering efficiency cynicism .

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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 12[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 12


Je voudrais revenir un moment, sur cette question du merveilleux, dont j'ai parlé... dont j'ai parlé un peu avant. Je me souviens d’une opération menée en Afrique, au Mali, dans une région habitée, conjointement, par deux ethnies : les peuls et les dogons. De façon anecdotique, je dirai que cette opération fut un fiasco total et que je ne m'attarderai pas, donc, sur les... ni les objectifs, ni les enjeux, ni les conditions de réalisation de ce fiasco.

Mais... il s'est trouvé, pendant ce séjour, que les circonstances m'aient amené à séjourner, pratiquement pendant une semaine, dans une zone semi-désertique, à la limite des territoires Peul et Dogon. Et la chance, si l'on peut dire, a voulu, que j'aie la possibilité, le loisir, l'opportunité, de rester seul, plusieurs jours et plusieurs nuits, dans cette zone -- de rester seul et d'y marcher, longtemps, marcher de jour, de nuit. Jamais je n'avais perçu, comme là, l'extraordinaire densité, des paysages, et leur propension tout à fait inouïe à provoquer des apparitions, des hallucinations. Comme si à cet endroit du monde, le merveilleux n'était plus du tout une question ni théorique, ni poétique, ni une spéculation. Là, à cet endroit là, le merveilleux était évidemment la chose la plus naturelle, et la moins surnaturelle qu'on puisse imaginer : qu'à chaque branche d’arbre, bosquet, petite dune, qu'à chaque apparition de petit rongeur et de mammifère du désert, qu'à chaque personne entrevue au loin, pasteur ou chasseur, quelque chose comme un bouleversement de l’âme se produise... qui nous laisse, paradoxalement à la fois pantois et survivant. Survivant au sens de plus que vivant, beaucoup plus que vivant, beaucoup plus que passant, beaucoup plus que témoin, survivant comme... en capacité à ce moment là, à cet instant là, d'engager la conversation avec les Dieux. / / / / /


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I would like to go back one moment on this question of the wonderful, of which I spoke, of which I spoke before. I remember an operation led in Africa, to Mali, in a region lived collectively by two ethnic groups the Peul and Dogon. For anecdote, I would say that: this operation was a total fiasco and that I wouldn't linger neither over the stakes, nor over the objectives, nor the conditions of realization of this fiasco.

But it was during this stay which circumstances brought me to stay during a week, in a semidesert zone in the border of the Peul and Dogon territories. The chance, if we can say, gave me the possibility, the opportunity to stay alone several days and several nights in this zone; to stay alone, and to walk there for a long time, I walked by day, by night and ever I perceived there the extraordinary density of the landscape and their completely incredible propensity to provoke apparitions, hallucinations. As if in this place of the world, the wonderful was anymore neither a theoretical question, nor a poetic, nor a speculation. In this place there, the wonderful was the most natural, the least supernatural thing which we can imagine; in every branches of trees, copses, small dunes, in every appearance of small rodents and mammals of the desert; every person made out in the distance, preacher or hunter, something as a disruption of the soul occurs in us and lets us paradoxically stunned and survival. Survival in the sense furthermore more than live itself, much more than passing, much more than witness, surviving as a capacity at this moment, at this moment here, to engage the conversation with Gods.

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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 13[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 13


Je l'ai sans doute déjà dit ailleurs, nos opérations nous entraînaient souvent du côté de l'Amérique Latine. J'ai eu à intervenir dans différents pays... Il me revient d'être intervenu, à trois reprises, dans le contexte très particulier de la grande favela de Rio de Janeiro. Trois interventions, trois commanditaires, trois meurtres, un seul lieu. La première opération fut menée pour le compte d’une organisation suisse, masquée sous l’apparence d’une ONG, intervenant dans les domaines de santé, et les campagnes de formation à la protection... au virus du SIDA. La deuxième fois, toujours dans la même favela, le commanditaire représentait les intérêts, de groupes financiers importants liés à l'édition musicale, des chanteurs et des musiciens brésiliens. Et la troisième fois, j'ai dû intervenir dans le cadre d’un règlement de compte, assez violent, supposé solder une affaire de blanchiment d'argent, organisée dans le domaine du marché des œuvres d’arts... Les trois opérations menées dans le même endroit, m’ont donné trois points de vue complètement différents sur le même territoire.

La première fois, du point de vue du social, je fus confronté au discours standardisé sur la misère, la pauvreté, et la précarité. La deuxième fois, je fus confronté à la vision que les riches, des riches brésiliens, ont sur leur société, et sur la facilité avec laquelle, par la magie des illustrés culturels, certains se retrouvent propulsées directement de la fosse à purin au sommet de l’Olympe. La troisième fois, il me fut donné d'assister de près à la manière dont l'activité artistique, notamment dans les milieux de l'art contemporain, n’est qu'un cache sexe misérable permettant l'organisation de trafic, extrêmement fructueux, pour le blanchiment de l'argent de la drogue.

Le point commun à ces trois histoires c'est qu'elles se déroulent sur un territoire, et que ce territoire est une vallée arrondie, surplombant la baie de Rio, que les hommes, les femmes, les enfants, qui vivent là, qu'ils soient très riches ou très pauvres, qu'ils soient très corrompus où très humbles, qu'ils soient très au fait de l'état de la planète ou simplement intéressés par les douze centimètres carrés de leur aire de jeu... tous ont en commun d’avoir un point de vue unique sur la baie de Rio. Tous regardent du même endroit, de la même hauteur. Tous ont dans les yeux la même possibilité d'élargir le monde par leurs regards... / / / / /


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I already said it somewhere else, our operations often involved us towards Latin America. I intervened in various countries. I remember to be intervened three times in the very particular context of the big favela of Rio de Janeiro. Three interventions, three backers, three murders, a single place. The first operation was led for a Swiss organization masked under the appearance of the NGO occurring in the domains of health and the formation campaigns for the protection against the AIDS virus. The second time, always in the same favela, the silent partner represented the interests of importing financial groups bound to a musical publishing of singers and Brazilian musicians. The third time, I had intervened in the case of a settling of scores fairly violent, supposed to end in a case of money laundering organized in the art market. Three operations led in the same place, gave me three completely different points of view onto the same territory.

The first time, from the point of view of the social, I was confronted with the typical speech on the misery, the poverty, the precariousness. The second time, I was confronted with the vision that the richest in rich Brazilians have on their society, and the ease with which by the magic of the cultural entertainment some people find themselves, directly propelled , from the deep shit to the top of the Olympia. The third time, it was given to me to see closely the manner that the artistic activity, in particular in the circles of the contemporary art, is only a miserable G-string allowing the organization, to do profitable traffic, with the money laundering of the drug.

The common point to this three stories, it take place on a territory, and because this territory is a rounded off valley overhanging the bay of Rio. That the men, the women, the children, who live there, that they are very rich or very poor, That they are very corrupt or very humble, that they are informed about the state of the planet or simply interested by the twelve square centimetres of their playground. All have in common to have a unique point of view on the bay of Rio. All look of the same place, the same height. All have in eyes the same possibility to widen the world by their glances.

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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 14[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 14


Vous vous demandez peut-être... sans doute, comment des organisations mafieuses peuvent exister, sans poser apparemment plus de problèmes, dans l'organisation générale de la vie en société. Et vous vous demandez aussi, sans doute, pourquoi ces organisations mafieuses sont à ce point différentes des récits, et notamment que le cinéma américain, en ont donné. (Silence)... Cette différence tient au fait que l'organisation générale du monde, a considérablement... changé. Et les pratiques mafieuses ont évolué au même rythme, quelques fois même... plus rapidement que le rythme de l'évolution du monde, notamment de l'évolution du monde du point de vue des cultures de l'argent, et des rapports des différentes sociétés à l'argent. Alors même que... les médias, par exemple, continuent à relayer, avec une infinie complaisance, la fiction démocratique, alors même que... les personnels politiques, les appareils politiques et les organisations transnationales, dont c'est la vocation, continuent à... simuler, quelque chose qui aurait à voir avec l'exigence démocratique ou l'éthique, politique, en matière de démocratie... alors même que ces simulacres se sont généralisés partout, ce qui est clair aujourd'hui, quand même, à peu près pour tous les observateurs un petit peu lucides, c'est bien que l'organisation du monde aujourd'hui est aux mains de féodalités : féodalités familiales, féodalités industrielles, féodalités financières, féodalités militaires, féodalités confessionnelles... et que... au fond, et c'est encore plus vrai aujourd'hui que ça l'était à mon époque... ces féodalités se comportent comme des féodalités -- c'est-à-dire vivre au rythme d'une série de guerres féodales, de guérillas institutionnelles, qui ont souvent l'air d'avoir des apparences de conflits idéologiques, et/ou de conflits religieux, alors qu'il ne s'agit en fait que de guerillas familiales, féodales... archaïques, éternelles.

Le cirque guerrier est nécessaire au spectacle médiatique, il est nécessaire, il est nécessaire à la production des récits journalistiques et télévisuels, il est nécessaire à la promotion... de ceux et celles qui bâtissent des carrières politiques et médiatiques sur ce terreau là. Mais... au fond la vérité c'est que... l'essentiel des enjeux, se concentre autour de ces affaires féodales et domestiques, même si "féodal et domestique" peut engager la vie d'un pays, la vie d'un continent et peut-être même à terme, la survie de nos civilisations. Et c'est bien entendu ces féodalités, ces familles, mosaïques d'intérêts personnels et privés, qui sont l'essentiel des commanditaires des réseaux mafieux.

Et les réseaux mafieux sont parfaitement équipés pour ça. La culture principale des réseaux mafieux, c'est la culture du réseau. Ils sont présents sur les réseaux électroniques... depuis toujours. Les réseaux mafieux ont pris pied dans les réseaux électroniques, au même temps que les militaires. L'aube d'Internet, c'est à la fois une aube militaire, policière et mafieuse. L'organisation mafieuse implique un nombre de... pré requis, si j'ose dire, qui sont la viabilité des informations -- l'obtention des informations, leur viabilité, la capacité de les vérifier très rapidement -- la capacité de les diffuser très rapidement et de les partager avec un certain nombre d'interlocuteurs ciblés. La capacité de mettre en vitrine en avant, si j'ose dire en pare-feu, si on peut dire, les simulacres, des gesticulations événementielles, spectaculaires, destinés à cacher l'essentiel, qui vont permettre de détourner l'attention, pendant que les vrais événements mafieux, eux, vont pouvoir se dérouler avec toute l'opacité, la clandestinité, l'efficacité, etc... Donc ce marché là, si l'on peut dire, qui constitue l'essentiel de l'ordinaire mafieux et qui implique qu'au fond ces organisations étanches, opaques, bien qu'ayant des ramifications dans tous les réseaux confessionnels, tous les réseaux financiers, tous les réseaux de pouvoirs, tous les réseaux politiques, ne sont pas à la veille de perdre leurs clientèles au contraire. Et d'ailleurs, l'organisation du monde telle qu'elle va aujourd'hui ne peut que leur être profitable.

Évidemment l'évolution de ces économies mafieuses ne vont pas sans problèmes, du fait de l'arrivée ces dernières décennies, de nouvelles organisations qu'ils s'agisse des mafias... russes, coréennes, chinoises, islamiques qui renvoient les mafias italiennes de l'époque à une sorte de "folklorisme" extraordinairement sympathique. Aujourd'hui, les choses sont organisées complètement différemment et évidemment les enjeux sont tout autres. Les rapports au code, à la morale, à la famille, ont volé en éclats et aujourd'hui les principes de professionnalisme, de brutalité, de rapidité d'exécution, ont totalement changé. / / / / /


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Maybe you wonder how Mafioso organizations can exist, without raising apparently more problems, in the general organization of the life in society. And you also wonder why these Mafioso organizations are so different from stories of cinemas, in particular the American cinema, gave it. This difference partakes of the fact that the general organization of the world has considerably changed. And the Mafioso practices evolved in the same rhythm, sometimes more quickly than the evolution of the world, in particular the evolution from the point of view of the money cultures, and the connections of societies with the money. Also when, the media continue to relay, with an infinity indulgence, the democratic fiction. Also when, the political transnational staff, the political machinery and the organizations of which it is their vocations, continue to feign something who would have to see with the democratic requirement or the ethics, the policy, concerning democracy. Actually, these simulacrums are generalized everywhere, what it is clear there for all the observers just a little lucid, it is that the organization of the world is in the hands of feudalisms : familial feudalisms, industrial feudalisms, financial feudalisms, military feudalisms, confessional feudalisms and that at the bottom it is even more true today than that was it in my time. These feudalisms behave as feudalisms --that it is to say to live at the rate of a series of feudal wars, institutional guerrilla warfares, which often seem to have appearances of ideological conflicts, and/or religious conflicts while it is in fact about eternal archaic feudal family fights.

The warlike circus is necessary for the media spectacle, it is necessary for the production of journalistic and television stories, it is necessary for the promotion of those who build media and political careers on this compost. But really the truth, the main stakes concentrate around these feudal and domestic matters, even if "feudal and domestic" can engage the life of a country, the life of a continent and maybe eventually the survival of our civilizations. It is naturally these feudalisms, these families, mosaic of personal and private interests which are the main thing of the sleeping partners of Mafioso networks.

And Mafioso networks are perfectly equipped for that. The main culture of the Mafioso network it is the culture of the network. They are presents on the electronic networks for a long time. Mafioso networks got foothold in the electronic networks in the same time as the military group. The dawn of Internet it is at the same moment a military, police and a Mafioso dawn. The Mafioso organization implies a somes prerequisites if I dare to say, which are viability of the information -- the obtaining of the information, their viability, the capacity to verify them very quickly -- the capacity to diffuse them very quickly and to share them with some targeted interlocutors. The capacity to put them in show window, if I dare to say in firewall, if we dare to say, the simulacrums, spectacular factual gesticulations, intended to hide the main part, which are going to allow diverting the attention, while the true Mafioso events are going to be able to take place with all the opaqueness, the clandestineness, the necessary efficiency. Thus it is this market, if we can say, which establishes the main part of common Mafioso and which implies that in reality these impenetrable, opaque organizations, having ramifications in all the confessional networks, in all the financial networks, in all the networks of powers, all the political networks, are not on the brink of losing their clienteles on the contrary. Moreover, the organization of the world such as it is today can only be profitable them.

Obviously the evolution of these Mafioso economy have got news problems, because of the arrival these last decades, of new organizations that they are Russian, Korean, Chinese, Islamic Mafias which send postpone the Italian mafia until a folklore's period extraordinarily nice. Today, things are completely differently organized and obviously the stakes are quite other. Links in the code, in the morality, in the family, smashed into pieces and today the principles of professionalisms, brutalities and fastness executions are totally changed.

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MAFIA - CRITICALSECRET [RETRANSCRIPTION 15[1/2-R]

Intervenant: Pierre Bongiovanni's MAFIA Radio transcriibed and translated by Samy Hamidou

MAFIA - MODULE 15


J'en reviens maintenant à ma conversation avec la morte de la campagne toscane... Un jour, j'ai lu l'anecdote suivante -- je crois que l'histoire se déroulait quelque part dans sud de la France, sans doute du côté des calanques marseillaises -- un homme, un chauffeur de taxi, en ballade au bord des calanques, arrête sa voiture, sort de sa voiture pour faire quelques pas, et aperçoit en contrebas une forme humaine, en équilibre précaire au bord de la falaise. Il en déduit immédiatement que la forme, qui s'avère être une femme, va se jeter dans le vide. Il s'approche, lentement... Il est à une distance trop grande pour pouvoir l'attraper, et suffisamment proche pour pouvoir lui parler. Il engage alors la conversation avec elle, s'approche petit à petit, finalement il se trouve à portée de main, à portée de corps, à portée de voix, et il entreprend une conversation... Il va lui parler pendant 5 heures, personne ne saura jamais ce qu'il lui a dit. Toujours est-il que 5 heures plus tard, quand il se retourne pour regagner la route, la femme le suit. Ni elle, ni lui ne feront des confidences sur ce qu'il a pu dire, ce qu'elle put entendre, et ce qui a pu faire pour qu'elle revienne, sur le bord de la route.

Cette anecdote... rapportée par la presse locale à l'époque, m'avait profondément ému parce que le fait qu'une conversation s'engage, dont on ignore tout, le fait qu'un destin bascule, parce qu'une conversation a lieu, le fait que... le saut dans le vide ait reculé dans le temps et dans l'espace, par le simple fait, de la voix sortant d'une bouche, traversant l'espace, et traversant un coeur, le fait de la parole, à ce moment là, c'est quelque chose, bien plus qu'un trésor, quelque chose qui est bien plus qu'une preuve, quelque chose qui est bien plus qu'une prière -- mais quelque chose qui relève du mystère. Du mystère au sens où l'on peut parler de mystère quand on parle des grottes de Lascaux, où l'on peut parler de mystère quand un vivant s'adresse à un mort.

J'ai parlé à la morte pendant des heures, et je ne dirai pas évidemment, ici, de quoi j'ai parlé. De toute façon, même si je le souhaitais j'en serais incapable, n'étant plus très sûr de moi aujourd'hui, quant à ce qui s'est passé effectivement ce jour là, et quant aux images, et aux paroles, qui sont sortis de ma bouche. Même si, par commodité sans doute, j'affecte de penser qu'elle a tout entendu et tout transporté avec elle, je sais qu'il s'est joué ce jour là quelque chose entre elle et moi, entre moi et le monde, quelque chose de décisif, dont les tenants et les aboutissants m'échappent complètement. Alors même qu'elle était confrontée au concret de la mort, moi je me trouvais confronté à l'abstraction de la clandestinité. Je savais, à partir du moment où j'avais dérogé à la règle principale -- ne jamais s'approcher du cadavre, ne jamais rentrer en contact avec le mort -- je savais qu'à partir de ce moment là, j'allais vivre, une triple clandestinité. J'allais devoir m'évanouir aux yeux mêmes de mon organisation; j'allais devoir m'évanouir aux yeux mêmes du monde, et j'allais m'évanouir à moi-même.

Tout s'est donc passé à ce moment là, comme si, par cette femme, j'accédais à quelque chose d'autre. Comme si par ce sacrifice, j'accédais à une nouvelle forme de naissance ; mais à une forme de naissance vaine, puisqu'elle me projetait dans un vide sidéral, celui de la clandestinité. Un vide sans objet, un vide... sans perspective, un vide sans résonance, un vide sans écho. D'une certaine manière, je peux dire maintenant que... je venais de renaître en la tuant, mais que cette renaissance me conduisait vers un néant "épiphanique". Et je peux dire également, que.. elle mourut sans façon, et que cette mort ouvrait un espace "épiphanique" lui aussi, mais totalement sans objet. / / / / /


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Now I come to my conversation with the dead woman of the Tuscany campaign. One day I read the following anecdote -- I believe that the story took place somewhere in the South of France, doubtless at the side of the Marseilles creeks ; a man, a taxi driver, in ballad in the edges of creeks stops his car, gets out of his car to make some steps, and perceives below a human shape in precarious balance at the edge of the cliff. He deducts immediatly that the shape, which is a woman, is going to burst her into the void. He approaches slowly. He is for a too big distance to be able to catch her, and close enough to be able to talk to her. He engages then the conversation with her, approaches little by little, finally he is nearby in a hand distance, in nearby in a body distance, in nearby by the voice, and he begins a conversation .He is going to speak to her during 5 hours; no-one will ever know what said to her. Always that 5 hours later, when he turns around to get back to the road the woman follows him. Neither her nor him will make confidences, on what he was able to say, what she been able to hear, and what could he do to her to returns on the side of the road.

This anecdote brought back by the local press in the time had profoundly upset me because the fact that a conversation starts of which we ignore everything, the fact that a destiny turn around because a conversation begins in a place, that the jump in the void is shrinck back in the time and in the space by the simple fact, of the voice bringing out of a mouth, crossing the space, and crossing a hearth. The fact is the parole at this moment is something which is much more than a treasure, something which is much more than an evidence, something which is much more than a prayer but something which recovers from the mystery. The mystery when we can speak about mystery when we speak about Lascaux caves ; where we can speak about mystery when an alive speaks to a dead man directly.

I spoke to the dead woman during hours, and I shall not say obviously, here, about what I talked. Anyway, even if I wished it, I shall be incapable, not being very sure any more of me today about the event took place effectively this day, and about the images and the words which went out of my mouth. Even if to my liking, I would pretend to think that she heard everything and quite transported with her, I know that it acted this day, something between her and me, between me and the world, something decisive, of which the ins and outs escape me completely. Even when she was confronted with the concrete of the death, me I was confronted with the abstraction of the clandestineness. I knew from the moment I had broken the main rule, never to approach the corpse; never to be in contact with the dead body. I knew that from this moment, I was going to live a triple clandestineness. I was going to have to disappear in the eyes of my organization; I was going to have to disappear in the eyes of the world and I was going to disappear for myself.

Everything it is spent at this moment, as if by this woman, I reached something else. As if by this sacrifice, I reached a new shape of birth. But in a shape of vain birth because it threw me in a sidereal space, of the clandestineness, a groundless space, a space without vantage, a space without resonance, a space without echo. In a certain way, I can say now that I had been reborn by killing her, but that this revival led me towards an "epiphanic" nothingness. And I can say it that she died without ceremony, and that this death opened to an "epiphanic" space too but totally groundless.

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MAFIA - POUR MEMOIRE (pied de page) / REMINDER (footers)

Intervenant: Un témoin / A witness

Z | Videoradio / Videoradio | 6 pages
Z | Mafiamonde / Mafiaworld | 1 page
Z | Couverture / Cover | 1 page
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